La suite de la restauration concerne toujours la partie mécanique du piano. Après le remplacement des pièces défectueuses (vis, bouton d’échappement, etc.), j’effectue un dressage minutieux du clavier. Il s’agit de niveler chaque touche à la même altitude et avec le même enfoncement de 9mm dans le cas de ce piano.
Les jeux latéraux sont ajustés en pivotant les pointes d’enfoncement avec un tourne-à-gauche. Chaque feutre sous les touches est remplacé et on ajuste la hauteur avec des mouches en papier au dixième de millimètre près.
Le réglage à proprement parler peut enfin commencer. Dans un premier temps, l’alignement des bâtons d’échappement sous les noix de marteaux. Le bâton est la pièce qui transmet la poussée du clavier au marteau ; pour une efficacité optimale, il doit être réglé pile sous la noix de marteau et doit échapper juste avant que les marteaux frappes les cordes.
Ensuite vient la chasse, la distance marteaux / cordes. Après plusieurs essais à 52mm, 47mm, j’opte pour un réglage moderne à 45mm. Cette mesure a de nombreuses incidences sur le mouvement des marteaux, leur vitesse à la frappe, la légèreté du toucher, mais aussi la réponse globale de la mécanique en fonction de sa conception, en particulier la répétition.
En l’occurrence, ce piano est muni d’une mécanique à simple échappement mais avec un mécanisme de répétition propre aux Pleyel de cette époque (bien que le « double échappement » avait déjà été mis au point par Érard). Le bâton échappe après avoir poussé le marteau, puis le marteau chute en étant retenu par un pilote appuyé sur une lame en os. Sa flexibilité et sa résistance laisse le temps au bâton de se repositionner sous la noix de marteau avant que celui-ci revienne au repos. Néanmoins le réglage de l’ensemble est particulièrement laborieux.
Toujours dans une optique de réglage « moderne », j’ai opté pour un échappement du bâton à 1,5mm et une chute à 3mm. Après le réglage sur l’établi viendra l’étape du test de la mécanique dans le piano et des ajustements.
J’ai choisi ces cotes après de nombreux essais pour optimiser la vitesse de répétition des notes et cela au détriment de la légèreté du toucher. J’envisage d’ajouter des lests aux touches pour palier ce problème. À ce stade, il me semble préférable que la mécanique réponde avec efficacité en toutes circonstances, en jeu piano ou en jeu forte, dans les nuances ou dans la vitesse. Néanmoins, en tant que novice et autodidacte, j’avoue ne pas avoir d’avis précis sur le réglage d’origine de ce piano. Aussi, toute expertise vis-à-vis de cet instrument est la bienvenue !
Et encore une fois, à suivre…